samedi 3 novembre 2012

Jacno a dit que...


Ce matin, (oui à 13h30, mais c'est ma deuxième nuit, donc ça va hein?) : je me lève, je me bouscule et je vais faire un tour sur Rue 89.

Et là je tombe sur un article furieusement racoleur : "Hommage aux humiliés - le sport à l'école, l'école de l'humiliation?" Autant vous dire, je me demande pourquoi l'auteur a mis un point d'interrogation pour se donner une contenance. Parce que l'article, est clairement rédigé à charge. Le sport n'est qu'un lieu de frustration et d'humiliation pour ces pauvres petits êtres qui ne savent pas se défendre devant leurs petits camarades et les profs sont des complices de cette humiliation permanente.

Et là, je remets en parallèle avec moi, ma petite histoire. Bon, autant vous dire que j'étais bien un bon gros cliché de nerd à l'époque  : lunettes, appareil dentaire, furieusement intello et dans les premiers rangs des classe. Et puis le poids, ah le poids... Je n'ai jamais franchi un IMC inférieur à 40, celui de l'obésité morbide.
En plus, pour des histoires de pieds plats et genoux valgum, je n'ai commencé le sport qu'au collège.

© http://www.allodoublage.com
Si vous avez lu l'article, vous vous dites que je suis dans le coeur de cible concerné par l'article : la pauvre petite intello obèse! Je me sens concernée, effectivement et je vais vous raconter mon expérience à moi. Ah, et j'ai oublié de vous dire que je suis fille unique! Autant que je pars avec du handicap de balaise...

Bon, ben je me suis souviens de mon premier jour au gymnase, où j'explique à ma prof que j'ai des genoux valgum et elle me rabroue devant tout le monde parce que j'ai bafouillé et je ne l'ai pas bien prononcé. Je crois que c'est la seule et unique fois où j'ai été réellement ressenti un sentiment d'humiliation. Après, les cours d'EPS ont effectivement commencé. Logée à la même enseigne que j'étais!

Rapidement, il y a eu plein de choses que je n'ai pas été capable de faire parce que j'étais vraiment trop vieille pour commencer sans ressentir de la peur : me demande pas de faire une roulade ou le poirier, j'ai jamais réussi. Au départ, mes petits camarades se moquaient de moi, effectivement. Mais je trouvais ça de bonne guerre parce que sur d'autres sujets, je me moquais d'eux, au moins intérieurement. Je prenais ça avec le sourire (au moins en façade, pour me donner bonne contenance). Et puis bon, dès que je pouvais faire quelque chose dans la discipline, je le faisais à fond, quitte à me vautrer.

Et puis je me suis inscrite à l'U.N.S.S. (le sport du mercredi aprem). Masochiste? C'est pour d'autres raisons que je voulais rester au collège, mais ça, c'est une autre histoire. Je faisais de la merde mais c'est pas grave, j'avais Pierre de Coubertin qui me trottait dans la tête à fond les gamelles.

Rapidement, mes profs successifs se sont dit que je ne n'avais pas un accès de feignasserie ultime mais que j'avais de réelles difficultés. Et mes 5 profs de sport de toute ma carrière d'élève ont fait quelque chose qui m'émeut aujourd'hui, mais qui devrait être normal dans l'Education Nationale : ils ont fait preuve de pédagogie.

Il y a des choses que je n'arrivais pas à faire? L'école s'adaptait. Pour les agrès de GRS auxquels je n'arrivais pas à monter, la prof m'a sorti une poutre au sol et des rubans, pour que je puisse quand même essayer la discipline et ne pas m'en dégoûter. Le cross du collège? J'avais un parcours spécifique, qui me permettait de finir dernière mais pas trop derrière quand même. Et globalement, j'ai à peu près eu une moyenne de 12/20 : j'avais de piètres résultats mais j'étais de bonne volonté et  ça compensait. Et c'était l'endurance qui faisait péter mes scores, parce que j'étais lente mais régulière à faire mes tours de stade et à aller jusqu'au bout de mes 20 minutes...

Quant à mes petits camarades? Oui effectivement, ils ont ri et se sont moqués. Mais tout le monde subissait les quolibets de tout le monde. Et comme je riais moi aussi de moi-même... Et puis il m'est quelquefois arrivé d'avoir même des encouragements de la part de mes petits camarades...

© http://www.mtlsd.org/
Bref, bravo à toi lecteur, qui as tenu jusqu'au bout de ce déballage de vie. Je pense que mon cas n'est pas unique et que des profs comme les miens, l'Education Nationale doit en avoir un peu partout.

Pour en revenir à l'article, je pense qu'il présente une vision manichéenne de l'histoire. "Souvent les premiers de la classe sont décontenancés en EPS." Effectivement, il y a un petit côté marche ou crève dans la vie. Avec le recul, je pense que l'échec est essentiel dans l'apprentissage de la vie. "Pierre, meilleur partout, était aussi nul en sport." C'est aussi bien que le rapport puisse s'inverser quelquefois. Que les derniers puissent se retrouver les premiers. 

Pour résumer, moi je pense que toi, Renée Greusard, tu as été une petite trauma du sport, mais que tu n'as pas réussi à le surmonter. Ton article me déplaît parce qu'il ne parle pas du boulot des fédérations sportives pour que tout le monde puisse jouir d'un sport à sa manière. Et des actions qu'il faudrait mener pour une école adaptée à tous, quelle que soit la matière. 

Apprenons à gérer l'échec à nos enfants pour justement éviter de les traumatiser. Préparons-les aussi à l'humiliation, parce qu'ils y seront confrontés un jour ou l'autre, ne serait-ce que dans le monde amoureux ou le monde du travail.

P.S. Je n'aurais jamais cru faire l'apologie du sport....

9 commentaires:

  1. C'est beau quand tu le dis mais c'est encore plus beau quand tu l'écris ( et émouvant aussi )

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  2. Eh ben tu sais quoi, moi j'ai de très mauvais souvenirs de mes cours d'EPS mais finalement ça n'a jamais été à cause des autres (qui se foutaient de ma gueule mais pas plus que d'autres en fait) mais bien à cause de moi.
    Parce que moi je me sentais trop mal...

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  3. Mwaha... Rue 89, le journalisme total....
    Je ne lis plus au vu de la qualité des articles ...

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    1. Quand j'ai vu le tweet de l'article, ça m'a intrigué, alors je suis allée voir

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    2. errrrreur! trop de racolage ... tue le racolage!
      ça s'la joue grave en plus

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    3. Je me suis fait traiter d'Américaine bien pensante hihi

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  4. Moi aussi je ne m'attendais pas à ce que tu fasses l'apologie du sport ;-) J'ai versé ma petite larme, c'est touchant...

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