vendredi 2 novembre 2012

Rambo des B.A.C. à sable

... ou comment je me suis humiliée...

Hier soir, retour de dîner chez belle-mom. Comme indiqué par le code de la route, je m'arrête au 1er feu rouge.

A côté de moi s'arrête une voiture avec trois types un peu patibulaires et les trois nous regardent de façon très insistante et très bizarre. Je commence à me demander ce qu'ils me veulent, si j'ai pas fait quelque chose qui leur a déplu et si on va pas se faire agresser (et là je regrette de ne pas avoir mis de chapelet au rétroviseur pour me protéger des vilains méchants).

"Ne les regarde pas, fais comme moi" dixit chouchou.

Le feu passe au vert, j'espère qu'ils vont démarrer en trombe pour me montrer comment elle est trop bien leur testostérone. Mais non, ils restent à l'arrêt. Je suis bien obligée de démarrer pour m'arrêter au prochain feu 50 m plus loin qui est re-rouge.

Ils se mettent derrière ma voiture. Et là dans ma tête, je commence à me demander ce que je vais faire pour sortir de là pendant que le feu reste éternellement rouge....

© La Dépêche
Le feu passe au vert au moment où je vois un mec sortir de la voiture et le conducteur mettre un gyrophare. Je n'ai pas démarré, je mets mes warnings avec une pointe de soulagement mais je me demande ce que j'ai mal fait, si j'ai un phare qui marche pas, si j'ai quelque chose de pas réglementaire, etc...)

Chouchou et moi on se retrouve avec un mec derrière notre portière chacun. On baisse notre vitre chacun timidement.

"Arrêtez le moteur, éteignez votre cigarette et sortez du véhicule!
- Je peux éteindre ma cigarette dehors?
- Non."

Là, je regarde tout autour de moi, perdue, parce que les putains de bagnoles neuves n'ont plus de cendrier.

"Je peux pas éteindre ma cigarette dehors?
- NON!"

Re-regard perdu mais je sors quand même du véhicule et j'éteins ma cigarette (une vraie clope pas un tube, avec deux taffes fumées dessus, argh) sur le rebord du trottoir et ferme ma portière.

"Vous sortez d'où là?
- On revient d'un dîner chez ma belle-mère.
- C'est quoi son adresse?
- ... (Putain c'est quoi son adresse postale déjà parce que la seule fois où je lui ai écrit c'était pour envoyer un faire-part) Rue Machin, au.... heu... heu.... heu (Putain de numéro, visualise ce putain de faire part, merde - imaginez le bruit de modem dans ma tête qui tente d'établir une connexion avec les archives) au 34! (Vif éclair dans mon regard, goutte de sueur tombée du front)
- Et vous, vous habitez où?
- Trollcity! (Donne ton adresse putain!) 102 avenue de truc! (Putain cette fois je la connais la réponse!)"

Regard méchant et inquisiteur et Pat Hibulaire qui dit rien. Je décide de combler le vide de l'instant qui m'effraie.

"Vous voulez mes papiers?
- Non!
- Euh... Euh...Vous voulez pas mes papiers? (Avec un putain de ton de détresse dans la voix)
- NON!"

Je me mords les lèvres et j'attends ce qui va me tomber dessus.

"Il fume? (Avec un petit lancer de menton vers mon siège passager)
- Non je fume pas! Je bois pas! Je vous jure monsieur! (Pathétique je suis....)
- Non, mais pas vous, lui! (Re lancer de menton un peu plus énergique)
- Euh.... Non?
- Vous z'avez pas l'air sûr de vous?
- Euh ... Occasionnellement? (Petite voix de souffrance genre "arrête de me faire mal monsieur". Putain, ils vont nous démonter la bagnole, il est minuit, il pleut, il fait froid et j'ai pas mon manteau....)
- Bon ça va."

Il se retourne vers Pat Hibulaire II qui campe au pied du coffre.

"Ouais, ils sortent de chez leur belle-mère là-bas."

Pat Hibulaire II se retourne vers moi et me parle avec son ton typique de la T-ci.

- Vous savez, Madame, il y a des petits problèmes de stupéfiants dans la cité. Vous savez les jeunes au pied des immeubles, tout ça (sic).
- ... (Mine déconfite, bouche qui fait une expression bizarre et signe de tête. Putain mais reprends figure humaine, nom de Zeus!)
- Alors, c'est normal, on fait de contrôles...
- Gnoui (Putain mais exprime-toi normalement, espèce de débilasse que tu es!)
- Vous pouvez y aller."

Remontage dans le véhicule avec le coeur qui bat à 100 000 et débrief avec Chouchou qui, à son tour, me débrieffe :

"Vous avez acheté du shit monsieur?
- NON!
- Vous fumez monsieur?
- NON!
- Vous êtes sûr?
- NON!"

Lui aussi s'est bien humilié, tout comme moi avec mon insistance pour montrer mes papiers...

Bref, c'est la toute première fois de ma vie que je subis un contrôle de la BAC. Alors si je comprends bien leur ton "je suis autoritaire parce que je suis l'autorité, connard", je suis un peu choquée (dans une moindre mesure bien sûr, parce que ça s'est bien passé). D'une part, parce que j'ai vraiment pensé au départ que j'allais me faire agresser et que j'ai un peu vu ma vie défiler. Et j'ai regretté de ne pas leur dire. D'autre part, parce qu'à part leur putain de gyrophare, aucun des Pat Hibulaires ne nous a montré aucun document ou sigle police et que finalement ça pouvait être à n'importe quel connard que je filais tous ces renseignements perso. Et là, j'ai regretté d'avoir eu peur comme ça, d'avoir oublié ma grande gueule et de ne même pas leur demander leur carte. Même si ça aurait pu compliquer les choses, je n'avais toutefois rien à me reprocher...

Bref, après avoir vécu cette minute western, je comprends mieux le ras-le-bol que certains expriment, parce que je me suis demandée tout du long ce que la police voulait de moi (parce que j'ai déjà subi les contrôles de mecs en uniforme) et ce qui allait m'arriver, même si je n'avais rien à me reprocher. Et ça, c'est très désagréable... Bref, mon expérience avec les uniformes a toujours été plus "respectueuse", et je me suis sentie vraiment agressée, même si effectivement, il s'agit uniquement du ton et de l'attitude dont je parle.

C'était mon aventure de ma vie de ménagère rangée...


2 commentaires:

  1. Bon au cas où t'aurais pas remarqué, je suis pas DU TOUT motivée à bosser...

    J'ai lu ton post comme un roman à suspense et j'ai flippé avec toi Paquita NONDEDIEU !!!

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    1. Ah, l'aventourrrre... Comme quoi il ne faut pas grand chose pour que l'imagination s'emballe

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